La maladie noire ( ou paralysie chronique ou mal de mai) est une maladie virale contagieuse de l’abeille adulte qui se déclare principalement au printemps et en été. Elle est due au virus CBPV (Chronic Bee Paralysis Virus).  Le portage asymptomatique est fréquent dans les colonies (présence latente dans de nombreuses colonies saine toute l’année). C’est à dire que ce virus est présent dans beaucoup de colonies mais en état de sommeil 

Elle a été particulièrement présente au cours du printemps 2019, ce qui s’explique par la présence simultanée d’un ensemble de facteurs favorisants: 

  • présence du virus dans les ruchers 
  • sensibilité génétique 
  • démarrage de saison précoce avec des colonies très populeuses suivi d’une météo froide et pluvieuse avec confinement
  • carences sévères en pollen
  • blessures sur la cuticules des ouvrières

Cette maladie touche en général les colonies fortes  devant lesquelles des centaines d’abeilles mortes sont observées. Les pertes de colonies dans un même rucher sont rarement massives.

Il existe 2 syndromes distincts qui apparaissent souvent ensemble:

  • type 1: le plus grave. Signes cliniques de mortalité massive d’ouvrières (plusieurs milliers) avec des abeilles aux abdomens dilatés, traînantes, tremblantes, désorientées, incapables de voler, accrochées aux brins d’herbes, voire paralysées (mortalité en quelques jours).
  • Ces signes cliniques peuvent faire penser à une intoxication chimique.
  • type 2: moins grave. Petit nombre d’ouvrières atteintes : leur taille est plus petite, elles sont noires et luisantes puis ont les ailes en croix, sont tremblantes et incapables de voler.

En cas d’expression de la maladie en automne, la survie de la colonie peut être compromise par affaiblissement de cette dernière en période charnière (préparation des abeilles d’hiver). Généralement la maladie régresse en 3 à 4 semaines et la colonie survie.

Concernant le rôle du varroa : il n’est pas directement responsable de la transmission du virus CBPV. La perforation de la cuticule avec son rostre permet cependant la contamination des abeilles par la souillure des plaies par des matières fécales contenant le virus. Pour rappel, les plaies de cuticule ne cicatrisent pas. La lutte contre varroa fait donc partie des mesures de préventions.

Que faire pour lutter contre cette maladie ?

La maladie noire est une maladie virale, il n’existe donc aucun traitement. Les mesures à prendre relèvent du bon sens d’apiculteur : 

  • Conserver l’intégrité de la cuticule des abeilles:
  • Maîtriser le varroa: surveiller le niveau d’infestation par observation des signes cliniques et comptages, et traiter de manière adéquate au bon moment (se référer à l’article sur le varroa)
  • Retirer les portes métalliques (préférez les portes en plastique) et les trappes à pollen qui peuvent être blessantes pour la cuticule des abeilles
  • Gérer l’espace de vie, éviter le confinement:
  • Enlever les grilles à reines (attention à la gestion sanitaire ultérieure des hausses concernées)
  • Si la colonie est encore très forte donner de la place: mettre une hausse
  • Si la colonie est dépeuplée, enlever la hausse et nourrir pour relancer la ponte et aider la colonie à compenser les mortalités jusqu’à ce que les symptômes disparaissent
  • S’assurer que la colonie ne soit pas orpheline (absence de reine) suite à un essaimage ou à l’atteinte de la reine par le virus
  • Enlever les tapis d’abeilles mortes devant les ruches et nettoyer les plateaux encombrés de cadavres (brûler les cadavres)
  • Complémenter en protéines (pâtes protéinées ou pollen) en cas de carence constatée
  • Remérer (changer de reine) en veillant si possible à apporter une souche hygiénique peu sensible
  • Isoler les toits de ruches de manière optimale afin d’apporter un maximum de confort thermique à vos abeilles

Article rédigé par Christian HUAUX , vétérinaire référent GDSA22 Photos prises lors des visites sanitaires